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Baisse de la limitation de vitesse à 80km/h sur les routes secondaires

Une mesure controversée mais qui peut sauver des vies

Le 12 juin 2018

La baisse de 90 à 80 Km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière, muret) entrera en vigueur le 1er juillet prochain et concernera environ 40% du réseau routier soit 400 000 Km.

Très décriée, cette limitation n’est pourtant qu’une des 18 « mesures de rupture » dont les objectifs sont de « faire baisser la vitesse sur les routes », « lutter contre l’alcool et la consommations de produits stupéfiants » et « l’utilisation de téléphones portables au volant » et « renforcer la sécurité des piétons ».

Les français sont opposés à cette mesure à 59 % et 83% pensent qu’elle vise surtout à accroitre le montant total des contraventions.

Contraventions, qui, selon la loi, devraient être intégralement utilisées pour l’amélioration des infrastructures routières.

Si cette mesure peut permettre de sauver 300 à 400 vies par an, soit une vie par jour, il faut l’accepter sans polémiquer.

D’autant plus que le gouvernement nous promet d’évaluer les effets de cette mesure le 1er juillet 2020 et de prendre ses responsabilités si les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances.

Cependant, il faut bien expliquer aux français les raisons de cette décision en insistant sur le fait que la vitesse excessive ou inadaptée reste la cause principale de mortalité sur nos route suivie par la surconsommation d’alcool qui connait une légère hausse.

La vitesse joue un double rôle dans les accidents de la circulation.

Elle peut être la cause de l’accident de la route (vitesse excessive entrainant la perte de contrôle du véhicule) ou aggraver considérablement les blessures ou entrainer la mort dans un accident corporel induit par une autre cause.

Il faut cependant préciser que si la vitesse est l’élément majeur de la mortalité, elle n’est pas le seul facteur qui cause les accidents mortels.

Souvent plusieurs éléments se combinent dans un accident : l’alcool – les stupéfiants – l’appel téléphonique – un malaise, peuvent amener à rouler trop vite et à perdre le contrôle de son véhicule.

Le non-respect des règles de priorité constitue le troisième facteur d’accident, surreprésenté en agglomération.

Les stupéfiants sont impliqués dans 25% des accidents mortels.

L’alcool, quant à lui, est impliqué dans un tiers des accidents mortels.

Baisse de la vitesse : une cause juste mais il existe un problème de méthode et de pédagogie

La réduction de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires, au 1er juillet 2018, n’a pas fait preuve d’une réelle efficacité à ce jour.

La manière brutale employée par le Premier Ministre pour imposer l’abaissement de la limitation de vitesse n’est pas le meilleur moyen de mobiliser les usagers de la route.

Cette disposition est mal perçue car elle est extraite de 18 mesures qu’il aurait fallu mieux expliquer et non pas dans l’urgence.

Mais la finalité de cette mesure ne peut être contestable :
SAUVER DES VIES

Sécurité routière : l’impact réel de cette mesure est difficilement chiffrable

Faute d’expérimentation sur une durée assez longue, l’impact précis de cette mesure est impossible à prédire.

Cependant, des expérimentations réalisées sur des tronçons-tests ont montré que la vitesse moyenne a baissé, les bouchons n’ont pas augmenté et l’accidentologie a baissé.

Des études réalisées entre 2012 et 2014 et entre 2015 et 2017, sur des échantillons de départements, par le Centre d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement ( CEREMA ) ont montré que, quel que soit le département, le réseau dit « principal » c’est-à-dire les routes bidirectionnelles qui drainent le plus fort trafic enregistrent la plus forte mortalité.

D’autres pays européens, comme la Suède, la Norvège, le Danemark et la Suisse ont déjà diminué la vitesse sur leurs routes.

Mais la mentalité des conducteurs de ces pays est-elle la même que celle des automobilistes français ?

Temps de trajets allongés mais émissions polluantes en baisse

Les automobilistes devront s’habituer à voir leurs temps de trajets usuels réalisées à 90 km/h allongé, dans une moindre mesure.

Il faudra 45 secondes de plus pour réaliser un trajet de 10 km, 2 minutes pour 25 km et 3 minutes pour 40 km.

La perte de temps ne peut être un argument pour les opposants à la réduction de vitesse.

Pour la Sécurité Routière, cela devrait permettre aux automobilistes d’économiser 120 € de carburant par an.

Pour l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ( ADEME ) ce ralentissement pourrait réduire de 30% les émissions de polluants.

Un coût financier : au minimum, il faudra changer 20 000 panneaux de signalisation

Il faudra changer les 20 000 panneaux qui se trouvent, actuellement, sur les 400 000 km de routes concernées dont 378 000 km de routes départementales.

Pour le Premier Ministre « il conviendra, certainement, pour familiariser les usagers de la route à cette nouvelle mesure, d’ajouter un certain nombre de panneaux à des endroits où ils sont absents aujourd’hui ».

Cette opération devrait coûter « entre 5 et 10 millions d’euros » financés par l’Etat.

Les autres mesures pour augmenter la sécurité routière

Les radars

On dénombrait 10 000 morts en 1991 et 4 000 en 2010.

Entre ces deux dates, l’apparition des radars a entrainé une baisse de la mortalité dans toute l’Europe.

La sécurité des véhicules est bien plus grande qu’auparavant et d’autre part la technologie des radars automatiques a tout bouleversée.

Les radars fixes, installés dans les différents pays d’Europe entrainent, à eux seuls, une baisse de mortalité de l’ordre de 20% et les radars mobiles génèrent une diminution encore plus importante.

La décision de transférer à des sociétés privées la gestion des radars embarqués dans des véhicules devrait permettre à la gendarmerie de prendre en charge d’autres tâches.

Il faudra, cependant, être d’une extrême vigilance en ce qui concerne la réalisation de ces missions confiées à des entreprises privées.

Renforcement des sanctions contre l’usage du téléphone au volant

L’usage du téléphone au volant tenu en main est impliqué dans un accident mortel sur dix.

Associé à une autre infraction, il induira, immédiatement, la « retenue » du permis et ouvrira la voie à une suspension par les autorités préfectorales.

Une meilleure protection des piétons

Le gouvernement prévoit de punir plus lourdement les conducteurs qui ne respectent pas les règles de priorité à l’égard des piétons et de permettre de les sanctionner sans interception, en particulier par la vidéo-verbalisation.

L’éthylotest anti-démarrage.

Pour lutter contre l’alcool au volant, responsable de 29% des accidents mortels, la mise à disposition ou la vente d’éthylotests sera généralisée dans les débits de boissons ainsi qu’à proximité des rayons de boissons alcoolisées.

Il s’agit d’une disposition qui peut être bénéfique si elle est appliquée avec beaucoup de rigueur.

Il faudrait que les français finissent par comprendre qu’il faut choisir entre boire et conduire.

Il faut des sanctions exemplaires sur le plan pénal mais aussi, pourquoi pas la saisie et la vente du véhicule du contrevenant.

Remarques du Docteur COURTOIS, Président de la F.N.V.R.

Docteur Dominique Courtois, Président de la FNVR

La décision du gouvernement d’abaisser la limitation de vitesse à 80 Km/h ne doit faire l’objet d’aucune discussion ni d’aucune polémique.

Sauver des vies doit être un projet mobilisateur pour chacun d’entre nous et nous devons accepter cette mesure de baisse de la vitesse et surtout la respecter.

Toute vie sauvée est déjà une victoire sur l’insécurité routière car il faut savoir qu’un accident grave ou mortel fait basculer, en une fraction de sonde, toute une famille dans l’horreur et le désespoir.

Car, une seule vie épargnée n’a pas de prix et j’en parle en connaissance de cause ayant perdu un de mes fils dans un accident de la circulation.

Il s’agit d’une bonne initiative mais le gouvernement devrait aussi prendre en compte la mauvaise qualité et l’entretien désastreux de notre réseau de routes secondaires, un des plus denses d’Europe.

Par contre, pour les poids lourds et les conducteurs novices, cette mesure ne va rien changer puisqu’ils roulent déjà à 80 km/h.

Pour le Docteur COURTOIS, il faut :

  • Augmenter la fréquence et la sévérité des contrôles d’alcool et de stupéfiants
  • Faire de l’amélioration du réseau routier secondaire une priorité du gouvernement
  • Affecter l’intégralité du revenu des contraventions à l’amélioration des infrastructures routières.
  • Développer la vidéo-verbalisation pour les infractions commises à l’encontre des piétons
  • Décider le port obligatoire du casque pour les cyclistes
  • Créer une véritable police de la route certes répressive mais aussi au service des usagers

 

Article de presse lié

Vitesse à 80 km/h: des victimes de la route entre espoir et doute

Le 15 juin 2018, Libération

Alors que des associations d’automobilistes et de motards et des parlementaires contestent son efficacité pour réduire la mortalité, les partisans des 80 km/h regrettent une « pédagogie insuffisante » des autorités sur ce sujet très sensible dans l’opinion. En avril, 76% des Français s’y disaient opposés.

« Il y a un problème de méthode et de pédagogie », abonde le président de la Fédération nationale des victimes de la routes, Dominique Courtois.

« Le gouvernement a dit +C’est comme ça+. S’il avait mieux expliqué que la vitesse est cause mais aussi facteur aggravant d’accidents, qu’un accident fait basculer une victime, mais aussi une famille, dans le désespoir pour toute une vie, peut-être que les gens comprendraient mieux. »  ...

Source : Libération - Vitesse à 80 km/h: des victimes de la route entre espoir et doute
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